SOUTIEN AUX THÉÂTRES OCCUPÉS

Prise de parole de Lili Fevre et lecture du manifeste au nom de la Compagnie AllOne devant le Théâtre de Cahors, Lot

« Chômeur.se.s, précaires, intermittent.e.s, intérimaires, avec ou sans-papiers, solidarité ! »

Nous sommes les primo-entrants qui n’ont pas pu entrer,
Nous sommes les précaires qu’ils aiment oublier,
Nous sommes les universitaires qu’ils ont dénigré.

Quand le gouvernement affirme que la priorité est à la crise sanitaire mais ferme des lits dans les hôpitaux : c’est une décision politique. Quand le gouvernement offre aux infirmier.e.s des applaudissements vides de promesses sans valoriser leur travail et leur mise en danger quotidienne : c’est une décision politique.
Quand le gouvernement décide de soutenir les entreprises et d’accabler les précaires : c’est une décision politique.
Quand le gouvernement commande une étude sur l’islamo-gauchisme* à l’université en laissant crever ses étudiant.e.s et ses chercheur.e.s : c’est une décision politique. Quand le gouvernement refuse d’ouvrir les lieux de cultures mais ouvre les portes des lieux de cultes : c’est une décision politique.
Quand le gouvernement ferme les lieux de cultures mais ouvre les portes des temples de la consommation : c’est une décision politique.
Alors nous aussi nous prenons des décisions : nous choisissons de porter haut nos revendications !
Nous nous joignons aux exigences des occupant.e.s de l’Odéon et des autres lieux culturels de France.
Cette lutte n’est pas seulement celle de la réouverture des lieux de cultures et de la reconduction de l’année blanche, elle est avant tout celle des précaires et nous nous levons tou.te.s contre la réforme de l’assurance-chômage !
Et n’oublions pas que notre précarité ne prendra pas fin à la réouverture des théâtres. Il y a trop de spectacles qui ont attendu d’être joués. Et face à tous ces lieux qui prônent l’émergence et représentent des artistes installés, notre galère ne va pas s’arrêter !
Dans Le Théâtre et son double, Artaud écrit : « Avant d’en revenir à la culture je considère que le monde a faim, et qu’il ne se soucie pas de la culture ; et que c’est artificiellement que l’on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées que vers la faim. Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim. »
Alors, portons haut notre famine !
Et puisqu’ils ne nous entendent pas mourir en silence, vivons en fanfare !

*Notez que si l’islamo-gauchisme c’est le fait de dénoncer l’islamophobie et de porter un idéal de gauche, nous nous habillons fièrement de ce que vous pensez être une insulte !