Le Bruit de la glace

 
 Le Bruit de la glace

En mars 2020, je suis partie dans le village d’Akunnaaq, sur la côté ouest du Groenland, dans le cadre de la Résidence Artistes en Arctique du Manguier. Je suis supposée rester au Pôle Nord 30 jours. Mais suite à la pandémie, le monde se confine, et je décide de m’attarder au milieu des glaces. Je choisis de rester indépendamment de l’association et de sa structure. Je continue mon voyage. Et je reste là-bas près de six mois.

Ce voyage a donné naissance a de nombreuses formes et a inspiré un travail multiple et pluri-desciplinaire, au-delà même du visible et de l’évident.


« Il y a encore une aurore ce soir. Ce sera sûrement la dernière. Il y a déjà si peu de noir, elle a peu de place pour exister. C’est un bel au revoir. Au milieu du ciel encore éclairé, elle danse. Elle vient me rassurer et m’étreindre un moment en enlaçant mon horizon. Elle connait mes secrets et son apparition est une réponse à mes doutes.
— Reste, chuchote-t-elle dans le creux de mon cœur.
— Oui. »


Depuis les formes théâtrales avec Si Icare ne s’était pas brûlé les ailes, jusqu’aux formes vidéos avec Étude : Page blanche (court-métrage expérimental) et D’une Rive à l’autre : le bruit de la glace (première partie du film documentaire) en passant par Qivitoq, une installation autour des formes fantomatiques et des ombres lumineuses.


© Lili Fevre

Depuis les formes musicales avec Blank Page et Immaqa, jusqu’aux formes chorégraphiques avec Hémisphère Nord (cinquième mouvement des Brèves chorégraphiques), en passant par les films photos avec les diaporamas 3 655 km et Le Bruit de l’eau.

Au centre du Bruit de la glace, il y a surtout un multitude d’écrits, une foule de formes littéraires : lettres, poèmes, journaux, chansons…



« Je veux convoquer les images des blocs de glace que l’on croise et qui habitent la mer : leurs bleus, leurs formes, leurs tailles. Je veux revoir leur poésie. Je veux me souvenir de la façon dont j’emprunte des empreintes pour marcher sans trop tomber, dont je pose mes pieds dans les traces d’un autre. Et je veux me rappeler de la force avec laquelle les couches de glace les plus fines existent, comme celle, si légère, à la surface de la mer, qui a frappé ma main jusqu’à marquer mes doigts quand j’ai effleuré l’eau. Je veux me souvenir qu’ici, c’est le pays des promesses, qui n’existent finalement jamais mieux qu’au présent. »



« Oui. Je vais bien.
Je danse sous les aurores boréales, je dégraisse des peaux de phoques ensanglantées, je navigue entre les icebergs, je plonge dans l’Océan Arctique, je fais du pain, je plume des eiders, je mange du renne bouilli et du mattak, narval séché, je vois des baleines, je déneige des escaliers, je pêche, je fais du chien de traineau et de la motoneige, je me fais des promesses en pagaille et je vais bien. »



Réalisé en partie dans le cadre de la Résidence Artistes en Arctique 2020 du Manguier


Merci à Charlotte Arnal, à Francis Fevre, à Louise Gasquet, à Serge Martin, à Françoise Paviot, à Annebelle Potin, à Pure Capture, à Emma Lejeune, à Julia De Gasquet, à Aline Cattan, à Paul Fevre, à Elisabeth Mergui-Rampazzo, à René Ferrand, à Véronique Pierré, à Florence Gay-Bellile, à Isabelle Lejeune, à Pierre Bassignac, à Bénédicte Klène, à Bernard et Bernadette Boyeux, à Tevy Dubray, à Ugo Bottega di Luce, à Ghislaine Tamisier, à Grégoire Lucas, à Jérômine Lejeune, à Didier Fevre et famille, à Margaux Michel, à Ariele Goudeau, à Marius Begel, à Béatrice Braun, à Christine Blanc, à Claire Boullard, à Bruno Mory, à Jean-Marc Vichard, à Jean-Michel Gasquet et Sophie Coroller, à Camille Pélicier, à Xavier Poux, à Rodolphe Pélicier-Brouet, à Philippe Bertaud d’avoir rendu ce projet possible.